En arpentant les colonnes de jouets à vendre sur le
« bon coin » , je me suis rappelée les trésors que mon grand-père sortait
parfois, l’air de rien.
On était en train de fabriquer de la soupe avec de l’herbe
pour remplir notre dînette en porcelaine, ou on traînait une charrette en
hurlant à travers le jardin dans notre parc d’attraction imaginaire.
Et pour la quatrième fois, il passait devant nous, nous
jetant un « pchuuut » difficilement interprétable.
Et puis, la cinquième fois il s’arrêtait, les sourcils en
l’air, un sourire en coin, les yeux malicieux feignant de regarder ailleurs,
les mains derrière le dos.
Là, on savait qu’il nous avait ramené quelque chose.
Il y en avait toujours un pour demander « qu’est-ce que
t’as Papic ? », et on entendait de petits soupirs, des claquements de
langues, parfois un « Moi ?! Rien, j’ai rien du tout… »
Et, innocemment, tranquillement, en n’oubliant pas de sonder
nos mines ébahies, il découvrait son trésor.
C‘était toujours merveilleux, toujours un truc sorti de la
nuit des temps, un truc que
lui-même trouvait super (ça l’amusait drôlement de nous faire la
démonstration), et puis surtout c’était vachement précieux, parce que jamais,
il nous le laissait, son trésor.
On avait le droit de jouer avec lui, mais quand la cession
était finie, il repartait avec, comme il était venu.
Parmi ces merveilles, des papiers cadeaux très épais et
irisés bleus, ou roses et dorés avec des arabesques. Il nous avait montré
comment emballer des livres avec des pliages incroyables. Cette année-là à Noël, on a eu des paquets
cadeaux de dingues.
Un chaton. En fait, il nous a fait le coup plusieurs fois.
Le premier il était roux tigré. Je l’ai appelé Champi et ce fut le premier
amour félin de ma vie.
Des émaux, du fil de fer un chalumeau. On a fait des bagues
avec ma cousine. C’était magique de voir fondre et se mélanger les petits
cailloux colorés.
Un coffret en bois de jeu de dada.
Des aimants, un miroir, du papier, et le lac des cygnes
façon automate était rejoué.
Du polystyrène, un fil à couper le polystyrène fabriqué par
lui, quelques brûlures…
Des planches, des clous, un marteau
De vieux livres de scouts qui expliquent comment faire du
feu ou construire une cabane dans les bois
Des vieux « journal de mickey »
Du tissu, de la sciure, des poupées
Des centaines d’autres…
Le plus marquant, c’est le souvenir d’avoir été surprise,
séduite, et enchantée chaque fois.
Quel bonheur d’avoir reçu tout ça.
Bon ben super j ai les larmes aux yeux maintenant ! Bismup
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